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Pourquoi les CSP comptables français ne seront pas délocalisés

Rédigé par Alban Delsol | 14 juin 2022

Ces dernières années, la tendance était à la délocalisation des CSP comptables, notamment pour la comptabilité fournisseurs. Mais aujourd’hui, la dématérialisation et la robotisation des processus comptables vont changer la donne.

Depuis 15 ans, les grandes entreprises ont mutualisé la comptabilité de leurs diverses entités au sein de Centres de Services Partagés (CSP). La dernière étude Deloitte publiée sur le sujet montre que 73 % de ces sociétés affichent des gains de productivité de 5 % ou plus grâce à cette organisation.

« Il y a deux cas de figure. Les groupes français ont, en grande majorité, constitué des CSP internes sur le territoire national, analyse Alban Delsol, associé de Runview, leader en France du Recovery Audit et de l’exploration des données comptables. Les firmes anglo-saxonnes ont souvent franchi une étape supplémentaire en externalisant la fonction comptable dans des pays à faible coût de main d’œuvre. » C'est par exemple le cas de Castorama - appartenant au groupe anglais Kingfisher -, qui avait déjà annoncé il y a quelques années le regroupement de ses activités comptabilité et contrôle de gestion à Cracovie, en Pologne.

Dans un contexte d’hyper-concurrence, les groupes français vont-ils suivre la même voie ? « Depuis plusieurs mois, des indices montrent que la tendance pourrait en fait s’inverser », affirme Alban Delsol.

5 fois plus d’erreurs de TVA à l’étranger

Premier indice : la qualité du service comptable tend à se dégrader dans les centres de services partagés délocalisés. « Grâce à nos audits exhaustifs des comptabilités fournisseurs, nous avons identifié deux dysfonctionnements majeurs malgré des process procure to pay (PtoP) très stricts », explique Alban Delsol.

« D’une part, un CSP délocalisé est déconnecté des besoins des fournisseurs, poursuit-il. Face à un centre à l’étranger et des interlocuteurs ne maitrisant pas toujours la langue, le prestataire peut se décourager quand il s’agit de signaler une erreur de l’entreprise en sa faveur, comme un trop-payé, ou un avoir non comptabilisé. »

« D’autre part, le taux d’erreur relatif à la comptabilisation de la TVA est cinq fois plus élevé dans les CSP externalisés à l’étranger, et les pertes peuvent atteindre 1% de la TVA déductible, complète Alban Delsol. Lors d’une récente intervention, une filiale française d’un client a ainsi recouvré un million d’euros de TVA non déduite. »

Dématérialisation et robotisation comptable

Deuxième indice : la robotisation d’une part croissante des fonctions et processus comptables. La réglementation va dans le sens d’une dématérialisation à 100 %, en termes de facturation, d’authentification des procédures, et de conservation des documents.

De plus, les solutions technologiques en cours de développement vont, à moyen terme, permettre de robotiser de nouvelles tâches répétitives et chronophages. Plusieurs groupes du CAC 40, à l’image d’Engie, ont testé les robots comptables.

« Les tâches à faible valeur ajoutée, comme la saisie et le rapprochement des factures, sont donc vouées à disparaître », explique Alban Delsol. Les centres de services partagés comptables français ont ainsi pour objectif de réduire de 20 à 30 % les coûts liés à ces opérations dans les 10 prochaines années.

Une économie qui va permettre aux CSP comptables français de se concentrer sur des prestations à forte valeur ajoutée, comme l’analyse, le contrôle, ou les relations avec les fournisseurs. « Ces services nécessiteront un personnel expert et connaisseur de l'écosystème national, analyse Alban Delsol. Or, les entreprises trouveront plus facilement ces compétences sur le sol français. »


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